Enfance (1712-1731)
Genève, Nyon, Bossey, Begnins, Confignon, Annecy, Mont-Cenis, Turin, Bramans, Chambéry, Seyssel, Belley, Lyon, Thônes, Fribourg, Moudon, Lausanne, Assens, Vevey, Neuchâtel, Boudry, Berne, Soleure, Paris, Gorges de Chailles, Les Echelles, Cascade de Couz
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mai 1730-jul. 1730 | jul. 1730-nov. 1730 | nov. 1730-aoû. 1731 | aoû. 1731-sep. 1731
Août-septembre 1731
Auxerre, Lyon, Gorges de Chailles, Les Echelles, Cascade de Couz
- Août, Rousseau est à Auxerre (OC I, p. 161).
- Septembre, R. arrive à Lyon et rend visite à Mlle du Châtelet au couvent des Chazeaux (OC I, p. 165).
- Septembre, nuit au bord de la Saône à Lyon (OC I, p. 168-169). Desvernay et Courtois indiquent le numéro 22 du quai J.-J. Rousseau (Vieux Lyon, p. 269; «Chronologie», p. 20), mais l'endroit qui se trouve quelques mètres en aval semble mieux correspondre à la description donnée par R.
Je me souviens même d'avoir passé une nuit délicieuse hors de la ville dans un chemin qui cotoyoit le Rhône ou la Saone, car je ne me rappelle pas lequel des deux. Des jardins elevés en terrasse bordoient le chemin du côté opposé. Il avoit fait très chaud ce jour-là; la soirée étoit charmante; la rosée humectoit l'herbe flétrie; point de vent, une nuit tranquille; l'air étoit frais sans être froid; le soleil après son coucher avoit laissé dans le ciel des vapeurs rouges dont la réfléxion rendoit l'eau couleur de rose; les arbres des terrasses étoient chargés de rossignols qui se répondoient de l'un à l'autre. Je me promenois dans une sorte d'extase livrant mes sens et mon cœur à la joüissance de tout cela, et soupirant seulement un peu du regret d'en joüir seul. Absorbé dans ma douce rêverie je prolongeai fort avant dans la nuit ma promenade sans m'apercevoir que j'étois las. Je m'en aperçus enfin. Je me couchai voluptueusement sur la tablette d'une espéce de niche ou de fausse porte enfoncée dans un mur de terrasse: le ciel de mon lit étoit formé par les têtes des arbres, un rossignol étoit précisement au-dessus de moi; je m'endormis à son chant: mon sommeil fut doux, mon réveil le fut davantage. Il étoit grand jour: mes yeux, en s'ouvrant virent l'eau, la verdure, un paysage admirable. Je me levai, me secouai, la faim me prit, je m'acheminai gaiment vers la ville résolu de mettre à un bon déjeuné deux piéces de six blancs qui me restoient encore (OC I, p. 168-169).
- Septembre, à Lyon, après avoir passé la nuit au bord de la Saône, R. rencontre Rolichon. Il copie de la musique chez les Antonins, 30, quai Saint-Antoine (OC I, p. 169-170).
- Fin septembre, R. part de Lyon pour Chambéry. Il passe par les Gorges de Chailles (OC I, p. 172-173).
Non loin d'une montagne coupée qu'on appelle le pas de l'échelle, au dessous du grand chemin taillé dans le roc, à l'endroit appellé Chailles, court et bouillonne dans des gouffres affreux une petite riviére qui paroit avoir mis à les creuser des milliers de siécles. On a bordé le chemin d'un parapet pour prévenir les malheurs: cela faisoit que je pouvois contempler au fond et gagner des vertiges tout à mon aise; car ce qu'il y a de plaisant dans mon gout pour les lieux escarpés est qu'ils me font tourner la tête, et j'aime beaucoup ce tournoyement pourvu que je sois en sureté. Bien appuyé sur le parapet j'avançois le nez, et je restois là des heures entiéres, entrevoyant de tems en tems cette écume et cette eau bleue dont j'entendois le mugissement à travers les cris des corbeaux et des oiseaux de proye qui voloient de roche en roche et de broussaille en broussaille à cent toises au dessous de moi. Dans les endroits où la pente étoit assez unie et la broussaille assez claire pour laisser passer des cailloux, j'en allois chercher au loin d'aussi gros que je les pouvois porter, je les rassemblois sur le parapet en pile; puis les lançant l'un après l'autre, je me délectois à les voir rouler, bondir et voler en mille éclats avant que d'atteindre le fond du précipice (OC I, p. 172-173).
- Fin septembre, R. traverse Les Echelles (OC I, p. 172-173).
- Fin septembre, R. visite la Cascade de Couz (OC I, p. 173).
Plus près de Chamberi j'eus un spectacle semblable en sens contraire. Le chemin passe au pied de la plus belle cascade que je vis de mes jours. La montagne est tellement escarpée que l'eau se détache net et tombe en arcade assez loin pour qu'on puisse passer entre la cascade et la roche, quelquefois sans être mouillé. Mais si l'on ne prend bien ses mesures on y est aisément trompé, comme je le fus: car à cause de l'extréme hauteur l'eau se divise et tombe en poussiére, et lorsqu'on approche un peu trop de ce nuage, sans s'apercevoir d'abord qu'on se mouille, à l'instant on est tout trempé (OC I, p. 173).
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