Refuge en Suisse (1762-1765)
Villeroy (Mennecy), Dijon, Dole, Salins-les-Bains, Pontarlier, Yverdon-les-Bains, Fiez, Môtiers, Boveresse, Saint-Sulpice, Travers, Brot-Dessous, Colombier, Pierrenod, Monlési, Buttes, Le Bied, Saint-Aubin, Estavayer-le-Lac, Grand'Combe-Châteleu, Saut du Doubs, La Pidouse, Fontaines, Goumoëns-la-Ville, Cressier, Chasseron, Morges, Nyon, Thonon-les-Bains, Boudry, Champ du Moulin, Creux du Van, Clusette, Neuchâtel, Couvet, Gorgier, Bienne, Le Locle, La Chaux-de-Fonds, La Ferrière, Ile de Saint-Pierre, La Tourne, Plamboz, Les Brenets, Robella
jun. 1762-jul. 1762 | jul. 1762 | jul. 1762-avr. 1763 | avr. 1763-jui. 1763 | jui. 1763-jul. 1764 |
jul. 1764-jan. 1765 |
jan. 1765-jul. 1765 | jul. 1765-oct. 1765
Juillet 1762
Môtiers, Boveresse, Saint-Sulpice
- 10 juillet 1762, Rousseau s'installe à Môtiers dans une maison qui se situe au croisement de la Grande Rue et de la rue Jean-Jacques Rousseau (CC 1971 remarque, 1977, 1979, 1982 et 1995; OC I, p. 592 sq.). La maison est actuellement occupée par le Musée Jean-Jacques Rousseau.
La maison que j'occuppe est dans une moins belle position, mais elle est grande assez commode, elle a une gallerie extérieure où je me promène dans les mauvais tems; et ce qui vaut mieux que tout le reste c'est un azile offert par l'amitié (CC 2457).
J'ai sous ma fenetre une très belle fontaine dont le bruit fait une de mes délices. Ces fontaines, qui sont élevées et taillées en colonnes ou en obelisques et coulent par des tuyaux de fer dans de grands bassins sont un des ornemens de la Suisse. Il n'y a si chetif village qui n'en ait au moins deux ou trois, les maisons écartées ont presque chacune la sienne et l'on en trouve même sur les chemins pour la comodité des passans, hommes et bestiaux. Je ne saurois exprimer combien l'aspect de toutes ces belles eaux coulantes est agréable au milieu des rochers et des bois durant les chaleurs, l'on est déja rafraichi par la vue, et l'on est tenté d'en boire sans avoir soif (CC 2457).
- Entre le 10 et le 20 juillet 1762, Môtiers, en attendant l'arrivée de Thérèse, R. prend ses repas chez J.-J. Girardier, dans la maison contiguë à la sienne qui occupe aujourd'hui le Musée régional d'Histoire et d'Artisanat du Val-de-Travers (CC 1976 remarque i, 1979, 2007 et 2017; OC I, p. 593-594, 1204 et 1568; Monuments de Neuchâtel, p. 86-87). Certains courriers seront désormais envoyés à cette adresse (CC 2017, 2025, 2058, 2064 et 2072).
- Après le 10 juillet 1762, Môtiers, R. se promène souvent aux alentours du château (CC 2457).
[...] celui de Motier [un des quatre ou cinq villages] qui forme le milieu est dominé par un vieux Château désert dont le voisinage et la situation solitaire et sauvage m'attirent souvent dans mes promenades du matin, d'autant plus que je puis sortir de ce côté par une porte de derriére sans passer par la rue ni devant aucune maison. On dit que les bois et les rochers qui environnent ce chateau sont fort remplis de vipéres; cependant ayant beaucoup parcouru tous les environs et m'étant assis à toutes sortes de places je n'en ai point vu jusqu'ici (CC 2457).
- Après le 10 juillet 1762, R. visite une prise «à mi-côte nord, par conséquent exposée au midi sur une terrasse naturelle dans la plus admirable position» (CC 2457). Il s'agit probablement de la ferme Planessert à Boveresse (F. Berthoud, Jean-Jacques Rousseau au Val de Travers, Paris, 1881, p. 79-80).
- Après le 10 juillet 1762, Saint-Sulpice, R. se rend à la source de l'Areuse et «une grosse chaîne scellée dans le rocher et mise là jadis par les Suisses pour fermer de ce côté là le passage aux Bourguignons», qui était fixée dans la petite rue parallèle à la route de Pontarlier (CC 2457).
La Reuse a sa source au dessus d'un village appellé St Sulpice, à l'extremité occidentale du vallon [...]. On la voit sortir tout d'un coup de terre à sa source, non point en petite fontaine ou ruisseau, mais toute grande et déja riviére comme la fontaine de Vaucluse, en bouillonnant à travers les rochers. Comme cette source est fort enfoncée dans les roches escarpées d'une Montagne on y est toujours à l'ombre; et la fraîcheur continuelle, le bruit, les chutes, les cours de l'eau m'attirant l'été à travers ces roches brulantes me font souvent mettre en nage pour aller chercher le frais près de ce murmure ou plustost près de ce fracas, plus flatteur à mon oreille que celui de la rue St Martin (CC 2457).
Il n'y a que cinq lieues d'ici à Pontarlier, et les carosses y passent sans peine: il y a seulement un endroit difficile à une petite lieue d'ici où il faut enrayer, et où j'irois vous attendre pour faire avec vous cette mauvaise descente à pied (CC 3372).
- Après le 10 juillet 1762, Môtiers, R. se balade le lond de l'Areuse (CC 2457).
Si la promenade de la vallée est un peu iniforme, elle est en revanche extrêmement commode; tout y est du niveaule plus parfait, les chemins y sont unis comme les allées de jardin: les bords de la rivière offrent par places de larges pelouses d'un plus beau vert que les gazons du Palais-Royal, et l'on s'y promène avec délices le long de cette belle eau qui dans le vallon prend un cours paisible en quittant ses cailloux et ses rochers qu'elle retrouve au sortir du Val-de-Travers. On a proposé de planter ses bords de saules et de peupliers pour donner durant la chaleur du jour de l'ombre au bétail désolé par les mouches. Si jamais ce projet s'exécute, les bords de la Reuse deviendront aussi charmants que ceux du Lignon, et il ne leur manquera plus que des Astrées, des Silvandres et un d'Urfé (CC 3372).
- Après le 10 juillet 1762, Môtiers, R. visite la cascade et la grotte (CC 2457).
J'ai vis-à-vis de mes fenêtres une superbe cascade qui du haut de la montagne tombe par l'escarpement d'un rocher dans le vallon, avec un bruit qui se fait entendre au loin, surtout quand les eaux sont grandes. Cette cascade est très en vue, mais ce qui ne l'est pas de même est une grotte à côté de son bassin de la quelle l'entrée est difficile, mais qu'on trouve au dedans assez espacée, éclairée par une fenêtre naturelle, ceintrée en tiers-point, et décorée d'un ordre d'architecture qui n'est ni Toscan ni Dorique, mais l'ordre de la nature qui sait mettre des proportions et de l'harmonie dans ses ouvrages les moins réguliers (CC 2457).
- Après le 10 juillet 1762, Môtiers, R. trouve une Mœhringia muscosa sur les murs de l'enclos du maire des Verrières, Charles-Auguste Du Terraux, qui habitait en face de sa maison (ASJJR, 2, p. 263-264; Monuments de Neuchâtel, p. 89-90).
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